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Le Japon, est-il un pays sûr ?

Si l’on parcourt l’histoire récente du Japon, on peut citer l’attaque au gaz sarin du 20 mars 1995 comme le dernier véritable acte de terrorisme de masse. Perpétré dans le métro de Tokyo ? par la secte Aum, il a fait 12 morts et 5 500 blessés. Il y a eu plusieurs autres attaques depuis les années 1970, mais la plupart n’ont fait aucune victime.

Il existe deux types de terroristes au Japon :

– les extrémistes politiques avec une idéologie nationaliste radicale (extrême droite) et/ou révolutionnaire (extrême gauche) ;

– et gangsters (principalement de l’environnement yakuza).

D’un point de vue occidental, on peut s’étonner qu’à l’exception de l’attentat de Mitsubishi en août 1974 (8 morts, 376 blessés), ils aient tous été lancés par des citoyens japonais ayant grandi dans l’archipel sans véritable intentions contre les Japonais. Parfois, le syncrétisme est de mise, mais la théologie est rarement la motivation première.

Quoi qu’il en soit, le Japon, qui pratique encore la peine de mort (par pendaison), reste sans doute l’un des pays les plus sûrs au monde, à commencer par la vie de tous les jours, loin du terrorisme. En conséquence, les Japonais montrent parfois un manque de compréhension des événements récents en Occident et au Moyen-Orient.

Début décembre 2015, le Premier ministre Shinzo Abe a annoncé son intention de faire du Japon le « pays le plus sûr du monde » avant le sommet du G7 en mai 2016 et les Jeux Olympiques de Tokyo 2020. En 2015, le kanji de l’année était 安 (« sécurité« ).

Sens de l’ordre et de la sécurité

Au lieu de se soucier de ses relations avec la population étrangère (la Chine et la Corée sont des exemples qui demanderaient certainement du travail), le Japon essaie surtout d’assurer sa sécurité intérieure à travers des réseaux locaux.Safe culture

Il n’est pas rare de trouver des enfants seuls, parfois très jeunes, dans la rue ou dans les transports sur le chemin de l’école (via des chemins discrètement balisés appelés 通学路 tsûgakuro) ou encore des femmes de tous âges en robes courtes tard le soir et ce aussi le quartier. Ces dernières, longuement discutées et parfois aussi lourdes que dans bien d’autres pays, sont sans doute réalisées avec beaucoup moins de risques.

Pour être honnête, ce sentiment de danger est relativement rare chez les Japonais et frôle parfois une naïveté qui ferait l’envie de bien d’autres nationalités. Cela explique pourquoi nous nous retrouvons avec un nombre infini de :

– vélos laissés sans surveillance dans la rue ou dans les parkings (bien que les vols soient plus fréquents qu’on ne voudrait le croire et que leur immatriculation soit obligatoire à ce titre) ;

– voitures avec des moteurs en marche garées devant des supermarchés ;

– scooters dont les clés sont déposées chez Neiman.

De même, des scènes qui semblent improbables à première vue ne sont pas rares dans les cafés : un espace réservé pour un sac ouvert ou le dernier iPhone posé sur la table pendant que son propriétaire se rendait aux toilettes ? ou faisait la queue pour commander… le tout dans l’indifférence générale, grande ville ou pas. Quant aux portes des appartements et des maisons, on n’a pas toujours le réflexe de les fermer. Plus précisément, il s’agit d’une série de petits éléments qui travaillent ensemble pour promouvoir un environnement sûr et sécurisé, par exemple :

distributeurs automatiques de billets ferment généralement dans les banques, vers 16h-17h ;

Les Konbini (dont l’ouverture 24h/24 est encore l’une de ses principales caractéristiques) pullulent dans tout l’archipel et il y a toujours au moins deux employés, même la nuit, même si un seul est présent dans la partie publique ;

la présence évidente des Koban, souvent minuscules commissariats de quartier où le parking du personnel apparaît de l’extérieur, servait surtout à renseigner les touristes sur leur chemin.

Selon les chiffres de l’OCDE de 2013, le Japon est considéré comme le pays le plus sûr au monde avec seulement 1,4 citoyen ayant subi une attaque ou un vol (contre une moyenne internationale de 4 %). Un point qui a inévitablement basculé en faveur de Tokyo en décernant aux JO 2020 ?

Syndrome de Paris permanent.

En 2015, près de 1,1 million de crimes ou délits ont été enregistrés au Japon pour la 13e année consécutive, selon Asahi. En 2018, ce nombre était tombé à 817 000, selon le ministère japonais de la Justice, en baisse de 11 % par rapport à l’année précédente et le plus bas depuis l’après-guerre.

Banditisme, crime et rôle international modéré

Malgré le récent contrecoup de la part d’un Shinzo Abe décidément impitoyable, le rôle militaire des Forces d’autodéfense japonaises est encore très limité à l’assistance à la population en cas de catastrophe naturelle.

Bien que la possession d’armes à feu soit interdite au Japon, la police nationale a signalé 939 homicides en 2013 (en baisse de 8,8 % par rapport à l’année précédente), une statistique qui ne comprend que l’Islande et le Canada.

Yakuza mafia

Les drogues sont prises très au sérieux, même celles qui sont parfois considérées comme « douces ». On se souvient de l’interdiction d’entrée sur le territoire de Paris Hilton à Narita en 2010, mais il y a des précédents avec Paul McCartney ou les Rolling Stones. Non pas que certaines des idoles locales n’aiment pas l’herbe, la poudre ou les pilules (la chanteuse Aska, entre autres, a été arrêtée en mai 2014), mais malgré les excuses publiques inévitables, les carrières sont arrêtées automatiquement et presque définitivement ad vitam. Pour être clair, la possession de chanvre est illégale au Japon depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ; Il est tout de même extrêmement dangereux de s’attendre à entrer dans l’archipel avec quelques grammes de cannabis sur soi.

 

Le seul véritable contre-exemple est l’extorsion quotidienne des yakuzas, sur laquelle le gouvernement ferme plus ou moins volontiers les yeux, au motif qu’ils restent la plupart du temps internes en échange d’une régulation efficace en termes de jour- la vie d’aujourd’hui n’influence ni ne dérange le citoyen. En tant que tel, le touriste moyen peut se promener sans crainte tard dans la nuit dans un quartier comme Kabukicho à Shinjuku, mais qui est ouvertement contrôlé par la mafia locale.

Ce qui n’empêche pas l’écart de kakikomi exprimé par l’un de nos blogueurs, notamment à propos de la surcharge dans les bars a des hôtesses difficilement compréhensibles même pour les locuteurs japonais.

Enfin, il convient de noter que l’immigration au Japon a toujours été très limitée et que les frontières ont été historiquement étroitement contrôlées, ce qui ajoute à la réputation d’être difficile à obtenir des visas. Compte tenu de la propension inévitable du pays au dépeuplement, la question pourrait bien resurgir dans les années et les décennies à venir.

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