Au Japon, 499 enfants ou adolescents se sont suicidés l’an dernier. Un problème de grande ampleur en Espagne aussi, où une loi votée en 2021 permet désormais de mieux protéger les jeunes.
Le harcèlement reste un fléau dans de nombreux pays. C’est notamment le cas au Japon, pays connu pour sa sécurité dans les espaces publics mais paradoxalement aussi connu pour le problème des brimades et des brimades, tandis qu’en Espagne un rapport publié il y a cinq ans obligeait les autorités à agir.
Les mangas sur le harcèlement au Japon
Les mangas se déroulant dans les écoles sont un genre à part entière depuis des décennies. L’intimidation ou le harcèlement y est tout aussi présent que dans la vraie vie, surtout à l’université. Certains mangas d’il y a quatre ou cinq décennies pouvaient parfois suggérer à tort que ce phénomène d’intimidation appelé « ijime » était banalisé en raison de la cruauté de certaines scènes.
En fait, les mangas destinés aux adolescents, surtout ces dernières années, tendent beaucoup plus à être un outil au service des élèves harcelés, leur donnant les clés de la défense, les moyens de lancer SOS. Les mangas de magazines tels que Weekly Shonen Jump ou Shonen Magazine qui défendent les valeurs humaines sont considérés comme très bénéfiques, et plus récemment, les mangas publiés sur les plateformes numériques prennent également le relais. Il existe aussi des outils pédagogiques sous forme de manga pour aider les enfants à sortir de situations compliquées.
Malgré tous ces médias très japonais qui semblent particulièrement adaptés au public visé, le problème n’est pas résolu. 499 écoliers et jeunes se sont suicidés au Japon l’année dernière. Si les problèmes de connexion scolaire ou familiale sont les causes prédominantes, le harcèlement en est une autre.
Les instruments existants, dont une loi de contrôle spéciale entrée en vigueur il y a dix ans, ne sont pas suffisants. Le nouveau ministre de l’Éducation, Shinsuke Suematsu, a de nouveau abordé la question lors d’une conférence de presse il y a quelques jours. « Je veux mettre en place un système adéquat pour faire face à ce harcèlement, avec plus de conseillers scolaires et de travailleurs sociaux. J’ai également l’intention de faire des efforts pour rendre la loi pleinement opérationnelle afin de prévenir ce type d’intimidation », a-t-il déclaré.
Aujourd’hui encore, on signale des suicides liés à l’intimidation. »
C’est toujours le même message, mais la principale préoccupation demeure. Les enseignants, qui ont souvent 40 élèves dans une classe, ne voient pas tout. Et pour des raisons de réputation, les écoles ont même tendance à nier la présence de harcèlement en leur sein. En cas de suicide ou d’accident, des commissions d’enquête sont mises en place, mais les résultats prennent des mois ou des années, souvent décevants pour les parents des victimes.
En Espagne, une loi a été adoptée en 2021
En Espagne, c’était un rapport de l’ONG Save The Children et qui a été présenté en 2016 qui a permis de faire avancer les choses. Ce travail minutieux, basé sur les réponses à un questionnaire de plus de 20 000 élèves de l’enseignement public, a d’abord produit un diagnostic précis de la situation en Espagne avec plusieurs résultats quantitatifs.
Un peu plus de 9% de ces élèves, âgés de 12 à 16 ans, ont été victimes d’intimidation. Etant un échantillon représentatif, les auteurs en concluent que cela représente près de 200 000 enfants. Le harcèlement passe plus souvent par l’insulte. Six élèves sur dix ont été insultés, deux sur dix sont régulièrement insultés et le cyberharcèlement (pour les téléphones portables) est un vecteur fréquent de ces attaques verbales.
Bien sûr, le rapport contient des recommandations au gouvernement. Formation des enseignants, éducation des enfants, élaboration de protocoles, nettoyage des dégâts, élaboration d’une grande loi-cadre, etc.
Cinq ans plus tard, les choses avancent lentement mais sûrement. Selon la porte-parole et responsable de la politique de l’enfance de l’ONG Save the Children, Laura del Moral. « Grâce à ce rapport, le fait que le harcèlement soit une forme de violence est entré dans le débat public », a-t-il déclaré.
« Ce ne sont pas des histoires pour enfants, ce n’est pas un jeu. C’est une violence qui a de graves conséquences pour ceux qui la vivent. »
« Le Parlement a récemment adopté la loi-cadre sur la protection des enfants et des jeunes contre la violence. Cette loi considère le harcèlement comme une forme de violence, oblige les écoles à établir des protocoles spécifiques de prévention et de réponse, et le harcèlement doit être inclus dans le règlement intérieur »,conclut Laura del Moral, porte-parole de l’ONG Save The Children sur franceinfo.
La loi a été approuvée le 20 mai. Elle est très large car, outre la question du harcèlement solaire, elle protège les droits des migrants mineurs, par exemple, ou favorise le signalement et la poursuite des délits de pédérastie. C’est clairement une loi inspirée par la mobilisation des ONG et notamment de Save The Children.
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